le 17 décembre 2021
Publié le 29 novembre 2021 Mis à jour le 1 juin 2022

Penser et agir l'autorité dans les situations d'enseignement/apprentissage : quelle prise en compte du groupe ?

Vanessa Joinel Alvarez
Vanessa Joinel Alvarez

Soutenance de la thèse de Vanessa Joinel Alvarez

Nom de la candidate : Vanessa Joinel Alvarez
Lieu de la soutenance : salle 4193 Université de Genève Bd du Pont-d'Arve 40 1205 Genève, Suisse
Date de la soutenance : le 17 décembre 2021 à 14h
Directeur et directrice de la thèse : Bruno Robbes et Valérie Lussi Borer
 

Jury

  • M. Bruno Robbes, Directeur de thèse (CY Cergy Paris Université)
  • M. Olivier Maulini, Rapporteur (Université de Genève)
  • M. Bernard Rey, Rapporteur (Université Libre de Bruxelles)
  • Mme Valérie Lussi Borer, Directrice de thèse (Université de Genève)
  • Mme Sylviane Tinembart, Examinatrice (Haute école pédagogique du canton de Vaud)
  • M. Gilles Monceau, Examinateur (CY Cergy Paris Université)
 

Résumé

Si la problématique de l’autorité en éducation n’est pas récente, elle connait aujourd’hui un intérêt qui ne se dément pas, tant les nombreux changements auxquels l’école est constamment confrontée tendent à la remettre en question. Ainsi, alors qu’avant les années 60, l’autorité de l’enseignant en classe semblait s’imposer d’elle-même, les transformations sociétales qui affectent les institutions et les familles provoquent une mutation de l’autorité. De nos jours, l’enseignant n’incarne plus une autorité sociale acceptée d’emblée, nécessairement soutenue par l’institution et vécue par les élèves comme allant de soi. Pour obtenir le consentement de ses élèves, un enseignant est tenu de construire, au quotidien et en fonction des situations d’enseignement/apprentissage, une autorité reconnue et légitimée. Les enseignants débutants sont particulièrement préoccupés par la question de l’autorité qui, dans leurs discours, semble intimement liée aux particularités des groupes d’élèves. En outre, au secondaire, les enseignants travaillent, au quotidien, auprès de plusieurs groupes classe qui ont chacun des caractéristiques et une dynamique spécifiques, en lien avec l’histoire du groupe. Exercer son autorité pendant chaque cours, avec chaque classe, constitue dès lors un nouveau défi. Par conséquent, ce travail doctoral vise : 1. à redéfinir l’exercice de l’autorité à l’aune du contexte actuel, en confrontant les discours des enseignants en formation (EF) au secondaire à la Haute école pédagogique du canton de Vaud (Lausanne, Suisse), aux discours savants ;2. à comprendre comment s’organise leur activité en situation d’exercice de l’autorité, en documentant les composantes typiques d’un exercice de l’autorité plus ou moins efficace ;3. à appréhender dans quelle mesure ils identifient les enjeux liés aux interactions groupales et prennent en compte leurs connaissances sur les groupes pour exercer leur autorité. Pour cela, nous combinons deux approches différentes dénommées « entrée cognitive» et «entrée activité». Dans la première étude, «entrée cognitive», nous proposons une modélisation de l’exercice de l’autorité qui rend visibles les cinq dimensions liées à l’enseignant — son statut, ses qualités personnelles, mais surtout son expertise professionnelle (didactique, relationnelle, et dans la gestion du cadre) — et intègre des facteurs contextuels influençant l’exercice de l’autorité en situation d’enseignement/apprentissage. Dans la seconde étude, «entrée activité», nous saisissons l’activité réelle des EF en situation d’exercice de l’autorité, grâce à la mise en place d’entretiens d’autoconfrontation qui permettent de combiner observation in situ et explicitation du vécu par les acteurs. Tout d’abord, nous révélons le déploiement d’interactions enseignant-élève(s) d’une nouvelle complexité. Plus précisément, nous montrons que dans près d’une interaction sur trois, les EF sont investis dans des doubles adressages qu’ils subissent ou qu’ils mettent en oeuvre volontairement. Nous montrons également que, quelle que soit la modalité d’interaction, les EF poursuivent deux préoccupations typiques principales : ils cherchent à enrôler/maintenir le ou les élève(s) dans la tâche et à gérer un ou des comportement(s) d’un ou plusieurs élève(s) perçu(s) comme inapproprié(s) ; ces deux préoccupations pouvant être imbriquées et se nourrir l’une de l’autre, être indépendantes, ou s’opposer et engendrer des dilemmes qui affectent l’exercice de leur autorité. Enfin, l’autorité apparait fondamentalement relationnelle. Si la relation la plus documentée est celle entre l’enseignant et son ou ses élèves, nous observons qu’il existe d’autres relations d’autorité, entre élèves. Les élèves, parce qu’ils font partie du groupe classe, s’influencent mutuellement. Ils se conforment et se comportent en fonction de ce qu’ils perçoivent comme étant les normes et les attentes du groupe, ce qui impacte l’exercice de l’autorité des EF.