"Le dispositif concours", le cas des conseillers principaux d'éducation.

• Hélène BUISSON-FENÊT, Directrice de recherche au CNRS en sociologie de l’éducation et de la formation, École normale supérieure de Lyon (examinatrice)
• Sylvie CONDETTE, Professeure des universités en sciences de l’éducation et de la formation, Université de Lille (rapporteure)
• Laurent GUTIERREZ, Professeur des universités en sciences de l’éducation et de la formation, Université Paris Nanterre (rapporteur)
• Antoine SAVOYE, Professeur émérite en sciences de l’éducation et de la formation, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis (examinateur)
• Gilles MONCEAU, Professeur des universités en sciences de l’éducation et de la formation, CY Cergy Paris Université (directeur)

Cette recherche s'intéresse au « dispositif concours » et aux pratiques de recrutement par concours dans l’Éducation nationale en France.  Elle s’appuie sur le cas du concours de conseiller principal d’éducation (CPE). J’examine la manière dont est conçu et vécu le concours, par l’analyse d’entretiens effectués auprès de responsables de ressources humaines du Ministère de l’Éducation nationale, de présidents de jurys, de membres de jurys et d’étudiants candidats au concours. Les prescriptions officielles et les différentes définitions du concours que propose la littérature scientifique rendent compte de perceptions variées du service public, de ses finalités et du rôle de l’État en matière de sélection et de recrutement. Le « dispositif concours » articule des techniques bureaucratiques de rationalisation des pratiques de recrutement, qui produisent des effets de pouvoir, c’est-à-dire des effets de normalisation et de disciplinarisation des pratiques et des corps. En ce sens, le concours n’est pas seulement un acte de recrutement, mais aussi une institution à analyser en tant que dispositif de savoir-pouvoir.

La recherche s’inscrit dans le cadre théorique de l’analyse institutionnelle et a mobilisé conjointement une approche socio-clinique et une approche socio-historique. L’étude socio-clinique est menée avec des sujets impliqués dans le « dispositif concours ». L’étude socio-historique repose sur trois corpus de textes (rapports de jurys, textes réglementaires et revue professionnelle des CPE). Certains concepts ont particulièrement soutenu ce travail de recherche, tels que l’institution, l’analyseur, la commande, les implications et les interférences institutionnelles.

Les évolutions contemporaines du concours de CPE depuis la date de création du corps en 1970 sont le produit d’un ensemble de facteurs politiques et sociaux dont il faut rendre compte, d’une part pour comprendre comment le concours s’est imposé comme dispositif de recrutement dans l’Éducation nationale, d’autre part pour identifier les effets, réels ou supposés, du concours sur la construction du groupe professionnel des CPE.

La recherche valide l'intérêt du concept de dispositif pour analyser les concours de recrutement de la fonction publique française. Elle montre d'autre part que les processus d'institutionnalisation du corps des CPE et de son concours de recrutement suivent des dynamiques autonomes qui interfèrent. Enfin, elle établit la singularité du concours et du corps de CPE.