Soutenance de la thèse de Rosa Bortolotti.
Nom de la candidate : Rosa Bortolotti
Date de la soutenance : 5 décembre 2023 à 14h
Lieu de la soutenance : CY Cergy Paris Université, site des Chênes - Salle des thèses
Directeur de thèse : Benjamin Moignard (CY Cergy Paris Université)
Le jury est composé de :
Direction : M. Moignard, Benjamin – Professeur des Universités / Cergy Paris Université
Encadrement : Mme. Boulin, Audrey – Maitresse de Conférences / Cergy Paris Université
Rapporteurs :
Mme. Blaya, Catherine – Professeure des Université / Université Côte d’Azur
M. Marlière, Eric – Professeur des Universités / Université de Lille
Examinateurs :
Mme. Couchot-Schiex, Sigolène – Professeure des Universités / Cergy Paris Université
M. Vulbeau, Alain – Professeur des Universités / Université Paris-Ouest-Nanterre
Résumé
Jeunesses populaires en ligne : la relation éducative à l’épreuve des paniques numériques
Le cas de la Prévention Spécialisée
Dans une société de plus en plus numérisée où les outils et les réseaux sociaux numériques sont largement utilisés par les jeunesses populaires, des « paniques morales » trouvent un nouveau terrain d’application. Naïveté, dangerosité, addiction aux écrans, analphabétisme technologique, recherche de buzz par les bagarres filmées, provocation, obésité : autant de représentations refoulées qui se réactivent. Cette thèse interroge le rapport au numérique des jeunesses populaires et des professionnels socio-éducatifs qui les accompagnent. Réalisée dans un territoire sensible en Île de France, par le biais d’une démarche ethnographique (physique et virtuelle), elle est le fruit de trois ans de travail de terrain (2019-2022) effectués auprès d’une trentaine des professionnels de la Prévention Spécialisée et d’une soixantaine de jeunes, âgés de 12 à 23 ans, accompagnés par des éducatrices et éducateurs de rue. Nous analysons les représentations de ces professionnels sur les pratiques numériques des jeunes, en particulier sur les réseaux sociaux numériques, et les confrontons aux usages numériques de ces derniers. Dans un premier temps, nous faisons le constat de la prégnance dans le secteur d’une vision négative sur les pratiques numériques des jeunes, relevant d’un phénomène que nous qualifions de « panique numérique ». Dans un second temps, nous interrogeons cette « panique numérique » en retraçant la vie numérique des jeunes. Nous montrons que les « jeunesses populaires » utilisent les réseaux sociaux numériques principalement pour s’épanouir et entretenir des liens d’amitié, même si leurs pratiques s’inscrivent dans des rapports sociaux situés. Enfin, nous explorons les différentes pratiques numériques d’un certain nombre de professionnels qui, rejetant la « panique numérique », s’investissent dans l’univers juvénile digital. Les nouvelles sociabilités numériques sont ici vécues comme une « épreuve » qui les invite à actualiser leurs méthodes d’accompagnement et à développer ce que nous appelons une « relation éducative numérisée ». Cette thèse vise à faire la démonstration que les discours traditionnellement pessimistes à l’égard des jeunesses populaires, qui s’ancrent dans une inquiétude envers toute nouvelle pratique culturelle, rejaillissent sur les modes de prise en charge éducative.
Mots-clés : Épreuve Numérique. Jeunesses Populaires. Panique Numérique. Prévention Spécialisée. Relation Éducative Numérisée.