Penser la dimension spatiale dans la recherche en éducation

22 novembre 2023, 14 h – 16 h

Site Inspé de Gennevilliers (Cergy Paris Université,

ZAC des Barbanniers, avenue Marcel Paul, Gennevilliers)

Salle A 017

• Célia Cyrille : "L’agencement spatial genré des jeunes garçons sur les réseaux sociaux d’images"

La recherche doctorale sur laquelle porte cette communication concerne le « travail de l’apparence » (Court, 2010, p. 8) genré des garçons de 15 à 20 ans sur les réseaux sociaux, saisi à partir de leur regard. Plus particulièrement, je m’intéresse à la socialisation masculine de ces jeunes à travers la production d’images d’eux-mêmes sur les réseaux sociaux et la réception d’images de leurs pairs.

Initialement, la dimension spatiale n’a pas été pensée dans mes travaux. Cette communication m’invite ainsi à reconsidérer mon enquête ethnographique féministe et socio-clinique institutionnelle au regard de concepts de la géographie humaine. M’emparer de la dimension visuelle très forte des réseaux sociaux pour comprendre les effets du genre sur la médiatisation du corps des garçons m’amène à penser l’ « agencement spatial » (Clément- Schneider, 2013, p. 51) genré des jeunes garçons sur les réseaux sociaux : comment les participants s’approprient-ils ces espaces de publicisation de soi en tenant compte, pour chacun d’eux, de leurs normes de présentation de soi et possibilités techniques ? Il s’agit donc d’analyser cet « ensemble organisé » (Lévy et Lussault, 2013, p. 949) représenté par l’espace réseaux sociaux d’images et le « faire avec l’espace » (Lévy et Lussault, 2013, p. 950).

Bibliographie :

Clément-Schneider, E. (2013). Économie scripturale des adolescents : enquête sur les usages de l’écrit de lycéens [Thèse de doctorat en Géographie, Université de Caen]. Économie scripturale des adolescents: enquête sur les usages de l'écrit de lycéens (hal.science)

Court, M. (2010). Corps de filles, corps de garçons : une construction sociale. La dispute.

Spatialité (2013). Dans J. Lévy et M. Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie (p. 947-950). Belin.

Célia Cyrille est doctorante en Sciences de l’éducation et de la Formation au sein du laboratoire EMA de CY Cergy Paris Université. Sa thèse s’appuie sur une réflexion entamée depuis 2016, dans le cadre de ses deux masters MEEF, autour de l’influence de la socialisation genrée sur la mise en scène du corps des adolescents filles et garçons sur les réseaux sociaux.

• Julien Petitdidier, " Du cours de géographie au parcours didactique : itinérance d’une thèse sur les apprentissages dehors avec le paysage "

Dans une posture réflexive, la communication propose de revenir sur la trajectoire menant de l’enseignement en classe de géographie à un doctorat portant sur les apprentissages hors de la classe. Après des expérimentations autodidact(ique)s menées en collège de région parisienne, la thèse entamée à l’université de Genève s’intéresse aux dispositifs pédagogiques mettant la classe dans le monde (Clerc, 2002, p. 174) en mobilisant le corps et le dehors comme ressources d’apprentissages.

Ce pas de côté helvétique oriente la question de la classe dehors sous l’angle de la didactique du paysage. Dans une conception relationnelle (Besse, 2018), il est envisagé ici comme un outil permettant d’articuler l’expérience sensible du monde avec des apprentissages politiques et complexes (Sgard & Paradis, 2019). Le questionnement se décline en deux mouvements : Comment mettre les élèves en contact avec le monde et faire de l’expérience sensible du paysage un levier d’apprentissages ? Lors du retour en classe, quelles traces rapporter de cette expérience sensible et comment l’articuler avec les apprentissages et les finalités assignées à la discipline scolaire ?

L’approche théorique est confrontée aux premiers résultats d’un terrain d’enquête reposant sur une collaboration entre le Parc Chasseral (Suisse), les enseignant.es participant.es au dispositif Graines de chercheurs et le groupe de recherche en didactique du paysage coordonné par Anne Sgard.

Dans une démarche de co-construction, c’est l’enjeu de la modélisation d’un parcours (Careri, 2002) comme ressource didactique susceptible de dénaturaliser les représentations paysagères et de construire un rapport au monde plus sensible et critique en classe de géographie qui est interrogé.

Références :

Besse J.-M. (2018), La nécessité du paysage, Marseille : Parenthèses, 96 p.

Careri F. (2002), Walkscapes : la marche comme pratique esthétique, Babel, 240 p.

Clerc P. (2002), La culture scolaire en géographie, Le monde dans la classe, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 188 p.

Sgard A. & Paradis S., dir. (2019), Sur les bancs du paysage, Enjeux didactique, démarches et outils, Genève: MétisPresses, 252 p.

Présentation :

Julien Petitdidier est assistant-doctorant à l’université de Genève, rattaché conjointement au Département de géographie et à l’Institut Universitaire de Formation des Enseignants (IUFE). Après un parcours professionnel au sein de l’Education nationale en tant qu’enseignant d’histoire-géographie, il s’ouvre au champ de la didactique en réalisant un Master de recherche sous la direction de Pascal Clerc. Bénéficiant d’une disponibilité, il débute en septembre 2022 une thèse, sous la direction d’Anne Sgard, portant sur l’expérience sensible du paysage comme levier des apprentissages.

• Carole Cognet, "Le rôle des espaces dans le développement professionnel des enseignants universitaires."

A l'heure où l'on questionne davantage les espaces d'apprentissage à l'attention des étudiants au sein des universités, où l'on s'interroge sur l'avenir des amphithéâtres voire des agencements des salles pour s'éloigner du modèle de la classe, la présente étude se focalise sur les premiers acteurs amenés à s'en saisir. Ces acteurs sont à la fois les enseignants mais aussi plus récemment les ingénieurs pédagogiques, et peut-être plus largement tout accompagnant pédagogique amené à soutenir les missions de l'enseignant universitaire. Les enseignants sont en effet en ligne de front sur cette thématique : comment occuper l'espace, comment faire vivre ses pratiques pédagogiques au sein d'un lieu, voir au sein de plusieurs lieux, de questionner parfois même l'absence du lieu ? Comment et où se produisent les collaborations de ces acteurs ?
Dans le cadre de la réalisation d'une thèse en sciences de l'éducation et de la formation, interrogeant plus largement les modes de collaboration entre les acteurs universitaires, l'intervenante propose ici de questionner le rôle des espaces dans le développement professionnel des enseignants universitaires, à partir d’une première série d'entretiens exploratoires menés en mai 2023 au sein des universités de Caen, Rouen et le Havre, dans le cadre d'un projet ANR PIA 3 - Nouveaux Cursus à l'universités - Réussites Plurielles.

Présentation :

Carole COGNET est une doctorante en deuxième année au sein du Centre Interdisciplinaire de Recherche Normand en Sciences de l’Education et de la Formation (Laboratoire CIRNEF) de l’université de Rouen.    
Elle a depuis longtemps cultivé un rapport au savoir distancié et curieux. Au cours de 15 années d’expérience professionnelle, elle a travaillé sur des dispositifs expérimentaux, des missions dites « transverses » aux organisations, des projet-frontières, en accompagnant la conduite du changement tant au niveau individuel que collectif avec toujours cette volonté de décrypter et faire se comprendre les approches entre les acteurs et parties prenantes. Depuis 2018, elle découvre et se passionne pour le monde de l’enseignement supérieur. Elle consolide son parcours par la reprise d’une formation d’ingénieure de formation. Elle s’interroge sur les différentes modes d’apprentissage et toute les questions vives qui se rapportent à la pédagogie universitaire. Elle débute une thèse en 2022, sous la direction d’Emmanuelle Annoot et Judit Vari dont le sujet s’intitule « Collaborer pour accompagner les transformations pédagogiques : vers un développement professionnel des acteurs de l’enseignement supérieur »